Se balader un jour à Rome et découvrir par hasard une exposition au Palazzo Cipolla. De superbes toiles de Modigliani y sont présentées. Des portraits, des visages aux airs tristes et lumineux. Un mélange de mélancolie et de beauté s’offre à nos yeux.
Ces personnages aux cous longs et fins intriguent toujours. Avancer exclusivement entre ces multiples portraits est sûrement un mystère à élucider, un livre à relire derrière le glissement d’une ligne, la courbe d’une forme.
Chaque tableau est une histoire. Chaque histoire sort d’un regard ou d’un sourire. Se promener parmi ces personnes sorties directement de la vie du peintre est un sentiment très émouvant.
C’est cette tendresse, ce chagrin, cette noblesse, cette paresse, ce soupir, cette langueur, ce parfum, cette larme retenue, ce moment suspendu, cette touche de pinceau, ce souffle de vie. C’est tout cela et bien plus. C’est une longue poésie, un roman, toutes les conversations abrégées, tous les rires éclatés, le froid, la chaleur, la sueur, la pudeur de l’artiste derrière son œuvre, du sujet devant son créateur.
Modigliani, ce jeune peintre qui n’a pas peur de dire ce qu’il pense et qui réussit à affirmer son style particulier en peignant les nus et les portraits, à une époque où la photographie fait la concurrence à la peinture. Il a même l’audace de laisser tomber la peinture pour s’adonner entièrement à la sculpture. Il est admis au Salon d’automne de 1912, un grand honneur pour ce jeune artiste à l’époque.
Modigliani, peintre italien du 19e siècle, nous rappelle que Caravaggio, Michelangelo ou autre Leonardo ne sont pas les seuls à briller dans les cieux glorieux de l’art italien.
Issu d’une famille bourgeoise désargentée, Amadeo Clemente Modigliani est toutefois poussé et soutenu par ses parents pour faire de l’art son métier; cet art qui a fait partie intégrante de la vie artistique parisienne du début de siècle.
Si ses contemporains sont à l’origine des bouleversements de l’expression visuelle, il reste en dehors des changements collectifs. La présentation de ses toiles montre toujours une originalité, une recherche personnelle, une singularité.
Le visage humain que Modigliani peint et sculpte n’est pas seulement l’objet de son art, mais sa matière pure et noble.
On se demande qui sont ces visages, d’où provient cette poésie qui se dégage de ses toiles? Il s’agit de rencontres, il s’agit de compagnes. Il s’agit surtout de visages de l’amour. En particulier les portraits de Jeanne Hebuterne, sa femme qui s’est suicidée, enceinte de 8 mois, au lendemain du décès précoce de son époux à 35 ans.
On dit que les yeux sont le miroir de l’âme. Modigliani l’a bien compris. La légende dit qu’il prétendait ne vouloir peindre les yeux de ses personnages que s’il connaissait vraiment leur âme.
Supprimer les yeux dans une toile c’est évider la cavité oculaire. Ce n’est pas créer un regard vide, loin de là. C’est remettre en question l’être humain, cet autre devant soi. Modigliani donne ainsi à l’observateur la possibilité d’appréhender le beau, la nature humaine, less question philosophiques de la vie.
On pourrait affirmer que le vrai visage de Modigliani se trouve simplement dans son œuvre.
Celui qui sait si bien retranscrire ces portraits de femmes, d’amis, d’adolescents, est sûrement un homme sensible, tendre et passionné de vérité… de pureté.
Admirer les œuvres de l’artiste, voguer autour de ces visages d’un autre temps, c’est tenter de comprendre sa propre vérité. C’est remettre en question sa lumière personnelle et essayer, tout comme lui, d’aspirer à la perfection.
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