Je t’ai si souvent visité, Vincent Van Gogh! J’ai découvert tes peintures dans les plus prestigieux musées du monde. J’ai lu ton art dans les plus beaux manuels. Tes touches de couleurs sont les reflets de tes pensées et tes fameuses impressions folles reflètent la pureté de ton âme.
J’ai le sourire d’un tournesol sous ton soleil et les éclats de tes fleurs parsèment mes pupilles de scintillements merveilleux. J’ai pénétré cet antre joyeux où tes toiles sursautent sur les émotions des visiteurs. J’ai vu tes paysages voguer de plafonds en murs, tes champs de blé s’étendre et se répandre fertiles et multiples. J’ai admiré tes iris, je les ai vus se dessiner et se peindre sous mes yeux ébahis. J’ai suivi la ligne de ton pinceau, j’ai coulé dans la courbe des nuages, j’ai été éblouie de tes nuits étoilées. J’ai dansé avec les pistils fébriles de tes cerisiers en fleurs, j’ai réécrit avec toi toutes les compositions de tes tableaux. Je me suis assise sur ta chaise, j’ai goûté à tes pommes de terre, j’ai dormi sur ton lit, j’ai revu tous les paysages que tu as si bien immortalisés.
Vincent… j’ai écouté la musique de ton œuvre et j’ai été prise dans l’immersion de ton art.
J’ai des larmes au fond du cœur et je crois en tes espoirs de jours meilleurs. Les étoiles de ta peinture sont les impressions aux mille taches de ton pinceau fiévreux. Ta palette est un écrin composé de désolations et d’insanités, estompées dans un vase posé devant une fenêtre, au fond de cette petite chambre, dans cet asile où tu t’es volontairement exilé.
Maître de ton propre esclavage, tu avais la noblesse des grands et tu repeignais ton monde dans un perpétuel enchantement de couleurs.
Je brille de cette étincelle qui éclaire tes humeurs et je souris devant toutes ces caméras qui captent l’instant féerique de t’avoir encore rencontré dans cette exposition qui porte glorieusement ton nom, à Chicago. Les lumières, les sons et les images sont impressionnants. On a réussi l’instant digital. Ton art est intemporel.
“It’s time to Gogh”, écrivent-ils. Je te vois te diriger de toile en toile, de salle en salle, devant tes autoportraits et tes paysages. Tu souris amusé, tu pleures aussi, car tu n’aurais jamais cru qu’aujourd’hui, dans le monde entier, on a honoré ta folie. On l’a même fait de manière magique et majestueuse. On a fait de tes petites toiles de superbes projections audiovisuelles sur des écrans géants, qui dansent dans un musée aux États-Unis. On vient te visiter de partout. On vient s’exclamer devant ton prodige. On s’abaisse devant la force de ta palette. On est fou de ton art. Ton art est fou!
Je bois à cette folie. Je goûte à ton absinthe. Je me saoule de tes teintes sauvages. Je suis décontenancée devant ton arrogante humilité. Ton nom est une épopée, une étape qui secoua l’histoire de l’art. Et tes nuances sont des touches de pinceau qui bousculent les sensations et épousent les plus fortes émotions.
Tes tournesols ont fait tourner tous les pétales de mon cœur. Vincent, tu as une fois de plus éclaboussé mon âme.
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