Une cinquantaine d’œuvres, provenant de fameuses collections publiques ou privées, sont exposées au musée Albertina de Vienne, dans le cadre de la première rétrospective de l’artiste américain Jean-Michel Basquiat dans un musée autrichien. Basquiat, Die Retrospektive se consacre au travail de la ligne, du mot et du symbole.
Revenir à Vienne et remonter les marches majestueuses de l’Albertina. Se prendre pour un membre de la famille des Habsbourg et revisiter ce somptueux palais, leur ancienne résidence devenue aujourd’hui musée d’art. Un sentiment de noblesse qui s’échappe des murs de ce bâtiment mythique alliant le charme de l’Empire à des chefs-d’œuvre d’art du XVe siècle, à nos jours. Et découvrir avec émotion l’exposition rétrospective de Basquiat…
Né en 1960 à New York, de père haïtien et de mère portoricaine, le jeune Jean-Michel quitte la maison parentale à 17 ans pour trouver sa voie initialement dans la rue avec la création de graffitis. Il ne tarde pas à se faire connaître et l’histoire de sa renommée serait comparable à un film que l’on visionnerait en le faisant dérouler rapidement, où les multiples séquences sont ponctuées par la présence du personnage principal qui se trouve constamment en compagnie des grands artistes de son époque, dont David Bowie, Michael Jackson et Madonna.
Basquiat entretient aussi une solide amitié avec Andy Warhol qui a été surtout son mentor et sa figure paternelle. Ses œuvres ont été rapidement très demandées.
Son ascension est spectaculaire. En 1982, il devient à la fois le plus jeune artiste qui ait jamais participé à Documenta 7, la célèbre manifestation culturelle qui s’est déroulée en Allemagne en 1982, et le premier artiste afro-américain caribéen ayant obtenu une reconnaissance internationale.
Il n’aura pu soutenir le défi de ce succès rapide pour une longue période de temps. Il meurt d’overdose en 1988, laissant une œuvre plus vivante que jamais. Il reste, après sa mort, pionnier et visionnaire comme il l’a toujours été.
“Je ne sais pas si être noir a quelque rapport avec mon succès. Je ne pense pas que je devrais être comparé aux artistes noirs, mais à tous les artistes”, dit-il. Ses œuvres mettent le doigt sur les problématiques de l’héritage africain, du racisme et de la hiérarchie sociale. Anticonformiste et excentrique, Basquiat est aujourd’hui une des figures principales de l’art contemporain.
La magnifique exposition qui établit une rétrospective de son œuvre et de sa vie au musée Albertina est une invitation au voyage vers une époque où les artistes de couleur étaient mal vus. C’est un message visuel où l’on redécouvre le langage particulier de Basquiat à travers ses codes, ses symboles et ses signes, ses formes particulières, ses formules et ses mots, ses couleurs fortes ou ses noirs et blancs, ainsi que son intérêt prononcé pour l’anatomie humaine. “Je commence avec une image et puis je la termine. Je ne pense pas à l’art en travaillant. J’essaye de penser à la vie”, affirme-t-il.
On prend également plaisir à observer de près le travail technique de l’artiste qui peint initialement des graffitis et les transpose, avec les différents médias, sur toiles ou sur bois. Une cinquantaine d’œuvres, provenant de fameuses collections publiques ou privées, y sont exposées. C’est un moment d’évasion vers une ère qui n’est plus la nôtre, mais dont les images demeurent plus vivantes que jamais. D’où ses propres mots qui restent intemporels: “Je pense que je fais de l’art pour moi-même, mais en fait je pense que je le fais pour le monde.”
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