Quelque part dans l’État de l’Illinois, à Peoria, dans une ville proche de Chicago, se trouve un village dédié à notre grand saint libanais. Saint Charbel, réputé médecin du ciel, est désormais célèbre dans le monde entier pour les guérisons miraculeuses qu’il a opérées.
D’origine libanaise, Dr Michèle Coury y vit avec sa famille et professe dans cette région des États-Unis. Elle nous propose, en un dimanche ensoleillé, à mon amie Dr Hanane Barakat et moi-même, d’assister à la messe dans l’église dédiée à notre cher saint.
Je découvre une superbe et gigantesque peinture de saint Charbel, exposée à la droite de l’autel. Après la célébration eucharistique, inspirée par la spiritualité mais aussi intriguée par la beauté de la toile, je m’en vais examiner de plus près cette œuvre. C’est alors que le prêtre, un Libanais résidant aux États-Unis depuis de longues décennies et qui a lui-même fondé ce village au sein de cette ville américaine, s’approche de moi et me raconte l’histoire.
Une trentaine d’années plus tôt, durant la construction de l’église, on se met à la recherche d’un artiste capable de peindre un portrait de saint Charbel qui soit le plus conforme à la réalité. On fait alors appel à une peintre connue pour ses talents de portraitiste et qui pourrait réaliser ce travail au plus près de l’identique. L’artiste choisie est athée et refuse de prendre cette commission. On lui demande quand même de la faire, moyennant une somme d’argent relative à la qualité de son travail.
Durant le processus, alors qu’elle se plaignait toujours de devoir peindre le portrait d’un saint, elle tombe gravement malade. Diagnostiquée d’une maladie rare et incurable, elle se retrouve paralysée et incapable de faire le moindre geste, encore moins de poursuivre son projet. Se trouvant devant une impasse, les médecins lui prédisent quelques mois de survie. C’est alors qu’aussi incrédule que désespérée, elle se tourne vers le sujet du portrait et lui demande de la guérir.
Le saint répond à l’appel de la peintre. Il la visite dans son sommeil et opère le miracle. Elle se lève et marche, surprenant médecins et prêtres. On reconnaît et on approuve ce miracle, parmi les multiples dispensés par le saint guérisseur.
Elle achève son œuvre dans un tout autre état d’esprit. La peinture, aussitôt terminée, devient art sacré. Le portrait de saint Charbel est plus vrai que nature. Il parle à travers la toile et diffuse une beauté mystique et rare.
L’artiste ne tarde pas à se faire baptiser. Elle vit de longues années en bonne santé, en chrétienne pratiquante et en peintre accomplie.
J’admire le portrait et je souris. Saint Charbel a réduit, une fois de plus, les distances. De l’autre côté de l’Atlantique, il règne sur un village et protège la diaspora libanaise. Il guérit et sauve. Il me donne de l’espoir pour un Liban meilleur, mais surtout… il me rappelle que l’art est salvateur.
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