À l’âge de 9 ans, il est grièvement blessé par une bombe qui explose sur son passage, alors qu’il était au marché de Hamra avec sa famille. Il est alité durant sept mois, qu’il passe à l’hôpital. Le temps de sa convalescence, seuls l’écriture et le dessin lui donnent espoir et le poussent à récupérer ses forces.
Sur son lit d’hôpital, il écrit des histoires qu’il invente en déclinant les mots de mille façons artistiques et créatives, sur le papier. Muni d’un stylo et d’un bic, il compose des dessins à partir de mots qu’il met en images. C’est sa manière de survivre. C’est sa seule échappatoire.
Puis il oublie cette passion. Il grandit. Il fait carrière dans un domaine tout à fait différent, et le temps passe. Un jour, flânant dans les vieilles ruelles de Venise, il découvre une petite boutique où il achète un stylo à bille. Au retour, en avion, il le prend et dessine. Il retrouve sa passion… quarante ans plus tard! Et puis, confinement oblige et retour aux sources, il redécouvre son amour pour les mots et les dessins.
Il plonge à nouveau dans sa bulle, celle de son enfance, où alité, il explore un monde personnel qui le transporte vers des ondes différentes, loin des soucis de la vie. C’est ainsi que chaque fois qu’il veut s’éloigner de la réalité absurde, il entre dans son micro-environnement. Les vingt centimètres qui éloignent ses yeux du papier et du crayon suffisent à le faire voyager vers des horizons lointains.
Le premier livre qu’il écrit sur papier est Les Confessions de Saint Augustin qu’il a étudié à l’université américaine. Il écrit ce livre comme une histoire où les mots deviennent eux-mêmes motifs. Il permet à l’observateur de lire une histoire tout en l’admirant sur un tableau.
Une créativité unique en son genre qu’il fait rejaillir à travers des centaines de livres qu’il réécrit avec une infinie patience et une passion inégalées. Des mots qui prennent vie sur du papier, avec des formes qui s’enchevêtrent et se mélangent pour le bonheur de celui qui entre dans ce monde fantastique et mystique.
Fadi Balhawan explore la littérature arabe, si belle et si riche. Les lettres de cet alphabet composent des toiles qui forment des dessins qu’on lit et qu’on imagine. Chaque pièce relate une histoire particulière. Des mythes, des légendes, de la poésie mystique, les grands classiques, les prophètes, les pyramides, la Bible, le Coran. L’artiste prend pour mission de rappeler la beauté des écrits de tous les temps. Il les met en valeur en usant de leurs mots pour réaliser leurs illustrations.
À regarder les œuvres de Fadi Balhawan, on voit des dessins avec des couleurs. À s’en approcher, on discerne des mots. Puis des phrases. On a envie de lire. On pourrait passer des heures à voguer entre les lettres et leurs mots. L’idée est stimulante. On lirait tout le livre durant des heures sur le dessin de l’artiste, ou alors on irait se procurer le livre original qu’on lirait chez soi.
La vie nous emporte souvent dans son flux rapide et nous oublions la beauté des lettres et la magie des histoires qui enrichissent l’humanité. Fadi Balhawan veut nous inviter à lire et relire. À écouter avec lui le glissement de la plume sur le papier. Le stylo qui grince doucement sur l’opacité d’un support ou sur sa transparence fait la subtilité de ce moment où l’artiste divulgue son secret sur une œuvre que l’on observe. Les pastels recouvrent parfois la surface de l’encre, mais l’on pénètre la matière pour mieux échapper à la morosité de la vie. On découvre la quatrième dimension que l’artiste nous offre dans ce micro-environnent qu’il crée. C’est le Temps.
Découvrez les fabuleux écrits dessinés de Fadi Balhawan à la galerie Opéra à Beyrouth et au Dubaï Mall ainsi qu’à Bourj Khalifa, aux Émirats arabes unis, et relisez les mystères de la vie.
Original article at icibeyrouth.com
